PRESSE | Interview Nouvelles Étincelles : 1ère Conférence des RUP au Parlement européen

La Conférence des présidents des régions ultra- périphériques (RUP) s’est tenue pour la première fois au Parlement européen à Bruxelles mi- novembre à la demande du président de la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), Serge Letchimy, et grâce au parrainage de Max Orville, euro-député martiniquais. Ce rendez- vous a rassemblé les régions des Outre-mer françaises, espagnoles et portugaises, avec la volonté commune d’agir pour les territoires ultramarins et de faire entendre leurs voix.

Quel était le but premier de cette réunion européenne ?


Il est important de noter que c’est la première fois que tous ces territoires européens ultramarins se réunissent assemblée et d’autant plus à Bruxelles, lieu hautement symbolique dans la politique européenne. L’Union européenne dénombre officiellement neuf régions ultrapériphériques (RUP) : la Guadeloupe, Ia Guyane française, la Martinique, la Reunion, Mayotte, Saint-Martin, les Açores, Madere et les iles Canaries. Ce sommet social a été l’opportunité de valoriser nos territoires face aux dirigeants européens et de leur rappeler leur existence et notre importance.

Qu’attendiez-vous comme avancée?

Tenir une telle conférence est déjà une belle avancée et elle a été un franc succès avec plus de 150 par­ticipants. Cela permet aux prési­dents des RUP d’être écoutés et de rencontrer des parlementaires nationaux et européens. Nous devons continuer ce type d’échan­ges et je vais m’atteler à organiser une seconde réunion dès le pre­mier semestre 2023 à Strasbourg. Toute !’Outre-mer française et européenne s’associe désormais pour mener une action conjointe face à des directives européennes qui nous affectent. Nous devons prendre le temps de réfléchir à l’élaboration de règles logiques pour permettre un vrai développement économique et social avec un délai de mise en œuvre allongé et adapté. A titre d’exemple, en visite en Guyane, j’ai croisé un producteur de poisson fumé. Selon les normes euro­péennes, son poisson devait être fumé avec du bois de hêtre importé de Norvège… Quelle absurdité quand on est à proximité de la forêt amazonienne. Il faudrait revoir éga­lement la réglementation concer­nant l’autonomie énergétique, sur­ tout dans les Outre-mer françaises qui ont une capacité gigantesque dans ce domaine. Ou encore penser à geler l’augmentation des prix des billets d’avions… Il y a tant à faire et j’ai la chance d’être aujourd’hui eurodéputé et de pouvoir être au centre des discussions. Je veux saisir cette opportunité pour alerter mes collègues sur ces problématiques et de gravir cet Everest ensemble. 

L’Europe reste une notion plutôt lointaine et peu séduisante pour de nombreux Antillais. Comprenez­ vous ce scepticisme ?

En toute honnêteté, oui. Les Antillais ne connaissent que très peu l’histoire  de l’Europe  et encore moins son rôle et son fonc­tionnement. Ce sentiment est naturel car ils voient l’Europe par un prisme très éloigné. Mais l’Europe incarne la démocra­tie et elle incarne surtout des valeurs d’égalité des chances. Je suis l’étendard de cette Europe et j’étais d’ailleurs en Guadeloupe récemment où je suis intervenu dans un lycée pour évoquer cette notion qui m’est chère, celle de citoyenneté européenne. Je suis martiniquais mais je suis aussi euro­péen et c’est important d’embras­ser ce modèle même à distance. J’incite les jeunes antillais à aller voter aux élections européennes car nous avons à cœur de défendre leurs intérêts où que nous soyons.